Date : dimanche 8 décembre 2024
Une île, une histoire, une émotion
Je suis arrivé à Nicosie avec ma sœur Cynthia, pour quelques jours de découverte et de course. Nous avions loué une voiture pour explorer l’île, et un appartement confortable pour nous reposer entre deux escapades. Mais ce que je n’avais pas anticipé pour ce voyage, c’est ce que j’allais ressentir en marchant dans cette ville coupée en deux. En effet, ce marathon, ce n’était pas qu’une épreuve physique.
Une capitale divisée, un cœur partagé
C’était aussi une expérience émotionnelle forte. Car Nicosie n’est pas une ville comme les autres. Nicosie est la dernière capitale divisée d’Europe. Et cette séparation, on ne la devine pas : on la voit, on la sent. Des barbelés, des miradors, des murs. Une ligne de démarcation qui traverse la ville comme une cicatrice.
Moi, petit-fils d’immigrés italiens venus en Belgique pour travailler dans les mines, j’ai été profondément ému. Voir une ville coupée en deux, encore aujourd’hui, m’a bouleversé. Comment expliquer cette fracture ? Comment accepter qu’un peuple vive ainsi, séparé, figé dans une histoire qui refuse de s’effacer ? Cette vision m’a accompagné tout au long de la course. Elle m’a donné du sens, du recul, et une envie encore plus forte d’aller au bout.
Une arrivée marquante, un exemple de courage
Je franchis la ligne d’arrivée du marathon de Nicosie en 3h41:09, vidé, marqué, mais debout. Ce marathon, je l’ai terminé à l’usure, avec une cheville douloureuse, une foulée bancale, et une volonté qui a vacillé plus d’une fois. Mais je l’ai terminé.
Et si je l’ai fait, c’est aussi grâce à l’image d’un homme en fauteuil roulant, croisé sur le parcours, qui avançait à la seule force de ses bras. Il ne courait pas. Il luttait. Et il m’a inspiré. Il m’a rappelé que tant qu’on peut avancer, même lentement, même douloureusement, on est encore en course.
Une organisation à taille humaine
Le Quantum Nicosia Marathon, c’est tout sauf une grande messe internationale. C’est un événement familial, chaleureux, authentique. Ce jour-là, cinq courses ont lieu : le marathon, le semi, un 7,7 miles, un 5 km, et une sMile Run pour tous les âges.
L’ambiance est chaleureuse, locale, authentique. Le départ est donné devant le Théâtre municipal, à deux pas du Parlement et du Musée de Chypre. Les bénévoles sourient, les spectateurs encouragent, les enfants tendent les mains.
Un parcours entre pierre et verdure
Le parcours, plat mais exigeant, nous emmène à travers la vieille ville vénitienne, les quartiers de Kaimakli, Pallouriotissa, Aghlandjia, et le parc national d’Athalassa. Une boucle entre pierre et verdure, histoire et modernité.
Mais pour moi, ce jour-là, c’était surtout une course contre moi-même. Je traînais une blessure à la cheville gauche, souvenir d’un trail de 65 km dans les Ardennes couru avec « Tonton » Driss un mois plus tôt. J’ai dû marcher à plusieurs reprises, mais je n’ai jamais abandonné.
Ce marathon, c’était une leçon d’humilité, de résilience, et de mémoire. Il m’a rappelé que courir, ce n’est pas toujours battre un chrono. C’est parfois accepter ses limites, honorer ses origines, et avancer malgré tout.
Statistiques de course
- Temps total : 3h41:09
- Distance : 42,195 km
- Allure moyenne : 5 min 14 s / km
- Classement : 62e