Date : dimanche 5 mai 2019
Une ville-musée pour décor
Prague, ce dimanche de mai 2019, s’est offerte à moi comme un décor de cinéma. Le départ est donné sur la place de la Vieille-Ville, au pied de l’horloge astronomique, entre les flèches gothiques de l’église de Týn et les façades baroques. Le ciel est bleu, la température idéale. Le parcours nous emmène à travers les plus beaux quartiers de la capitale tchèque : Malá Strana, le Théâtre national, la Maison dansante, Vyšehrad, et bien sûr, plusieurs traversées du fleuve Vltava.
Une traversée magique… malgré la douleur
Ces moments au-dessus de l’eau, sur les ponts de Prague, avaient quelque chose de magique. Le fleuve scintillait sous le soleil, les rives étaient bordées de spectateurs, et l’écho des encouragements résonnait entre les arches. Pourtant, derrière cette beauté, la douleur s’installait. Très tôt dans la course, les jambes se sont raidies. Trop tôt. J’ai dû marcher, bien avant le mur habituel.
Un des marathons les plus difficiles
Ce fut l’un des marathons les plus difficiles que j’ai courus. Le revêtement en pavés, les rails de tramway, les faux plats, les tunnels… tout semblait conspirer contre la fluidité. Et puis, ces demi-tours, où l’on croise les coureurs dans l’autre sens, m’ont mis à rude épreuve mentalement. Voir ceux qui avancent, ceux qui peinent, ceux qui abandonnent… c’est un miroir cruel. Il faut puiser loin, très loin.
Un geste simple, un élan humain
Un moment m’a marqué : alors que je m’étirais, presque résigné, un spectateur s’est approché. Il m’a aidé à relâcher mes muscles, m’a encouragé, m’a redonné l’envie de repartir. Ce geste simple, humain, m’a permis de continuer. Lentement, mais sûrement.
Une gestion d’expérience
Je connaissais l’effort, je savais comment m’alimenter. Comme toujours, j’ai opté pour ce qui me réussit : des morceaux de banane, de l’eau et des boissons énergisantes pris régulièrement. Pas de gels, pas d’expérimentations. Juste ce que mon corps connaît.
Courir dans les pas d’une légende
L’ombre d’Emil Zátopek, le héros national, plane sur chaque foulée. Son endurance, sa souffrance, son panache. Je pense à lui, à ses mots : « Si tu veux courir, cours un kilomètre. Si tu veux changer ta vie, cours un marathon. » Ce jour-là, quelque chose a changé. Peut-être pas ma vie, mais ma perception de l’effort.
Ce « Tchèque bondissant », quadruple champion olympique, disait aussi : « Un coureur doit courir avec des rêves dans son cœur, pas de l’argent dans ses poches. » Ce jour-là, j’ai couru avec mes rêves, ma douleur, et ma volonté. Et j’ai compris un peu mieux ce qu’il voulait dire.
Une arrivée sans retrouvailles
Je m’étais rendu à Prague pour quelques jours avec ma maman, Marie-Line, fidèle supportrice de mes aventures sportives. Comme au Portugal, elle m’attendait en fin de parcours. Enfin… c’était le plan.
À l’arrivée, la foule était dense, les applaudissements nourris. Je franchis la ligne en 3h45:56, vidé mais soulagé. Mais impossible de retrouver ma maman. Ironie du sort : je suis rentré avant elle à l’appartement que nous avions loué. Sans clé, j’ai attendu devant la porte. Une femme de ménage, ne parlant ni français ni anglais, m’a ouvert et m’a prêté une couverture. Encore un geste simple, encore un moment d’humanité.
Statistiques de course
- Temps total : 3h45:56
- Distance : 42,195 km
- Allure moyenne : 5 min 21 s / km
- Classement : 2083e