Date : dimanche 11 novembre 2018
Récit personnel
Une course entre légende et émotion
Athènes, dimanche 11 novembre 2018. Ce jour-là, j’ai couru sur les traces d’une légende. Le Marathon d’Athènes, l’Authentique, celui qui relie la ville de Marathon au stade panathénaïque, là où tout a commencé. Une course mythique, dans un pays meurtri quelques mois plus tôt par de terribles incendies, mais dont la population, debout et solidaire, s’est massée le long du parcours pour encourager chaque coureur avec une ferveur bouleversante.
Une aventure en famille
Je n’étais pas seul pour cette aventure. À mes côtés : Caroline, bien sûr, mais aussi ma filleule Maëlle et ma maman Marie-Line. Trois générations réunies pour un voyage en Grèce, entre culture, émotion et sport. Un moment rare, précieux, que je n’oublierai jamais.
Un départ en bus… et en urgence
Le matin de la course, nous avons été transférés en bus jusqu’à la ville de Marathon, point de départ historique. L’ambiance dans le car était à la fois solennelle et fébrile. Mais à peine descendu, une urgence bien humaine m’a rappelé que, même dans les lieux les plus mythiques, une pause pipi reste une priorité absolue. Disons que j’ai honoré les lieux… à ma façon.
Un parcours exigeant, une ambiance inoubliable
Le parcours du Marathon d’Athènes est célèbre pour sa difficulté. Après quelques kilomètres de plat et de descente, les choses sérieuses commencent : des montées régulières entre le 10e et le 31e km, notamment à Pikermi, Pallini et Gerakas, avant une longue descente vers Athènes.
Mais ce n’était pas seulement le relief qui pesait. C’était aussi la fatigue accumulée. Ce marathon était mon troisième de l’année. Après Paris en avril, Vienne une semaine plus tard, mon corps portait encore les traces de ces efforts. Les jambes étaient lourdes dès le départ, et chaque montée semblait plus raide qu’elle ne l’était vraiment.
Les semaines précédentes avaient été intenses, entre récupération, maintien de la forme, et gestion de la fatigue. J’avais jonglé entre les sorties longues, les doutes, et l’envie de revivre encore une fois cette euphorie de la ligne d’arrivée. Mais à Athènes, le corps a parlé. Et il a fallu puiser dans d’autres ressources : mentales, émotionnelles, presque spirituelles.
Mais ce jour-là, je n’étais pas seul. La population grecque, marquée par les incendies de l’été, était massivement présente, applaudissant, criant, remerciant. Certains portaient des pancartes, d’autres tendaient des bouteilles d’eau ou des branches d’olivier. C’était plus qu’un marathon, c’était un hommage, un acte de résilience.
Un parcours entre mer et collines
Le départ se fait dans la ville de Marathon, au nord-est d’Athènes, dans une zone encore marquée par les incendies de l’été. Le paysage y est rural, parsemé de petites maisons blanches, de collines arides, de pins calcinés et de champs d’oliviers. Les premiers kilomètres longent l’avenue Marathonos, avec en toile de fond la mer Égée scintillant à l’horizon.
C’est là, dans cette ambiance presque pastorale, que j’ai croisé un bouc en liberté, trottinant à mes côtés comme s’il participait lui aussi à cette course mythique. Instant surréaliste, dans ces premiers kilomètres : oui, c’est bien un vrai bouc, et il avait une belle foulée.
Le parcours devient ensuite plus urbain, traversant des villages et petites villes comme Nea Makri, Pikermi, Pallini ou encore Gerakas. Les habitations sont modestes, souvent en pierre claire, avec des balcons fleuris et des volets colorés. Les rues sont bordées de commerces de quartier, de cafés, et de petites églises orthodoxes aux dômes bleus. À chaque coin de rue, des habitants applaudissent, tendent des bouteilles d’eau, ou crient des mots d’encouragement, parfois en grec, parfois dans un anglais approximatif, mais toujours avec le cœur.
À partir du 30e kilomètre, la route s’élève encore, puis amorce une longue descente vers Athènes. On entre alors dans les quartiers résidentiels de la capitale : Chalandri, Cholargos, puis Ambelokipi. Les immeubles deviennent plus hauts, les avenues plus larges. On sent que l’on approche du centre.
L’arrivée dans l’Histoire
Les derniers kilomètres, en descente, me portent jusqu’au cœur d’Athènes. Et puis, soudain, le stade panathénaïque. Ce stade antique en marbre blanc, rénové pour les premiers Jeux olympiques modernes en 1896. J’y entre le cœur battant, les jambes lourdes, mais l’âme légère. L’émotion une fois encore me submerge. Je franchi la ligne en 3h17m43s, à la 472e place, mais ce jour-là, j’ai l’impression d’avoir gagné bien plus qu’un classement.
Un souvenir gravé dans la pierre
Ce marathon restera gravé dans ma mémoire. Pour son histoire, pour sa difficulté, pour l’émotion de l’arrivée, pour le soutien du peuple grec, et pour la présence de mes proches.
Athènes, c’était la légende, la famille, le dépassement, et… un bouc.
Statistiques de course
- Temps total : 3h17:43
- Distance : 42,195 km
- Allure moyenne : 4 min 41 s / km
- Classement : 472e