Date : dimanche 9 octobre 2016
Récit personnel
Un marathon entre ponts et patrimoine
Troisième marathon, troisième capitale. Après Amsterdam et Madrid, c’est à Budapest, joyau de l’Europe centrale, que je poursuis mon Tour d’Europe en marathons. Ce 9 octobre 2016, la capitale hongroise m’a offert un décor somptueux, une météo idéale, et un parcours aussi exigeant que magnifique.
Une météo parfaite, une ville en fête
Dès le matin, le ciel est clair, l’air est frais mais agréable. 14°C au départ, un peu plus de 18°C à l’arrivée. Le genre de météo que tout coureur espère. Et Budapest est en fête : plus de 28 000 participants sur l’ensemble du week-end, des animations, des musiciens, et un public chaleureux qui crie des encouragements dans toutes les langues.
Un départ au cœur de l’histoire
Le départ est donné près du Parc Városliget, non loin de la Place des Héros, où trônent les statues majestueuses des fondateurs de la Hongrie. L’ambiance est électrique, les jambes frétillent. Je me cale sur un rythme régulier, sans excès.
Le Danube, les ponts, et la magie de Budapest
Rapidement, le parcours nous emmène vers le Danube, ce fleuve mythique qui sépare Buda de Pest. Je traverse le Pont de la Liberté, puis plus tard le Pont des Chaînes, avec une vue imprenable sur le Parlement hongrois, le Château de Buda et les collines environnantes. C’est à couper le souffle.
À chaque pont, une émotion. À chaque virage, un monument. Budapest se dévoile dans toute sa splendeur.
Rythme, chaleur et relances
Des groupes de musique ponctuent le parcours, comme à Madrid. Ils m’aident à garder le rythme, à relancer quand les jambes commencent à tirer. Le public est moins dense qu’à Amsterdam, mais tout aussi chaleureux. Certains crient “Hajrá!” (allez !), d’autres tapent dans les mains, d’autres encore tendent des oranges ou des bouteilles d’eau.
Le mur… et la fierté
Vers le 30e kilomètre, les jambes deviennent lourdes. Le fameux “mur” n’est jamais loin. Mais je m’accroche. Je pense à mes précédents marathons, à tout ce chemin parcouru. Je serre les dents, je relance. Le dernier pont me ramène vers Pest, et je sais que l’arrivée est proche.
C’est à ce moment-là que le parcours nous fait entrer dans le Parc Városliget, ce vaste espace vert qui borde la Place des Héros. L’endroit est magnifique, mais les allers-retours dans les allées du parc sont mentalement éprouvants. On croise les autres coureurs, certains en pleine forme, d’autres à bout de souffle. Le soleil filtre à travers les arbres, la foule est plus clairsemée, et le silence relatif contraste avec l’agitation du centre-ville.
Je me parle à moi-même : “Tiens bon. Tu es presque au bout.” Chaque virage dans le parc semble repousser l’arrivée. Mais je m’accroche. Je pense à tout ce que j’ai déjà surmonté. Je serre les dents, je relance, je me cale sur un coureur devant moi et je m’accroche à son rythme.
Une arrivée pleine d’émotion
Les derniers kilomètres sont un mélange de douleur, de lucidité et d’espoir. Mon corps me rappelle que j’ai déjà bien donné, mais mon esprit, lui, est en mode pilote automatique. Je scrute chaque panneau, chaque virage, espérant apercevoir l’arche d’arrivée.
Puis, au détour d’une ligne droite, je la vois. L’arche. Les barrières. Le public. Le bruit. Mon cœur s’emballe, pas à cause de l’effort, mais de l’émotion. Je sens une boule dans la gorge, mes yeux s’humidifient. Je pense à tout ce que j’ai traversé pour en arriver là : les entraînements, les doutes, les douleurs, les matins froids, les soirs de flemme… et pourtant, j’y suis.
Je puise dans mes dernières forces pour accélérer, même si mes jambes sont lourdes comme du plomb. Le sol semble vibrer sous mes pieds. Les applaudissements, les cris, les encouragements en hongrois et en anglais me portent. Je franchis la ligne, le regard vers le ciel, le souffle court, le cœur grand ouvert.
Je m’arrête, les mains sur les genoux, puis je me redresse lentement. Je souris. Je suis vidé, mais heureux. Fier. Budapest m’a offert un marathon exigeant, mais aussi l’un des plus beaux que j’aie vécus. Et dans ce moment suspendu, je me dis que je suis exactement là où je devais être.
Statistiques de course
- Temps total : 3h40:22
- Distance : 42,195 km
- Allure moyenne : 5 min 13 s / km
- Classement : 926e